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Dixième sommet sur le mécanisme de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba: Quid de la politique de siège vide du Rwanda ?

En vue de promouvoir la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands-Lacs africains, Kinshasa accueille ce jeudi 24 février 2022 pas moins de onze chefs d’Etat et des gouvernements dans le cadre du dixième sommet de suivi du mécanisme régional de suivi de l’accord cadre d’Addis-Abeba.  L’objectif est d’évaluer l’exécution des engagements pris le 22 février 2013 dans la capitale éthiopienne, donc 9 ans plus tôt. Pour ce Xème sommet, fort est de constater que, comme pour le sommet d’Oyo, la semaine dernière au Congo Brazzaville, le Chef de l’État rwandais Paul Kagamé, a décliné l’invitation de Kinshasa. La rencontre préparatoire a réuni les ministres des Affaires étrangères ou leurs délégués, à l’hôtel de gouvernement était également amputé du diplomate rwandais.

La veille du neuvième anniversaire de la signature des accords d’Addis-Abeba, le 22 février 2022, à l’ouverture des travaux préparatoires de la rencontre des Chefs d’Etats et des Gouvernements signataires, la société civile du Nord- Kivu  a exigé que la RDC  se retire de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands-Lacs) pour manifester son ras-le-bol aux violations flagrantes aux dits accords.  L’attitude de la République rwandaise, à chaque fois que l’on doit chercher les voies et moyens de « faire avancer tous les dossiers concernant la paix et la sécurité, et surtout la coopération dans la région des Grands-Lacs africains », l’attitude du Rwanda devient carrément ambiguë, affirment des observateurs. L’on se souviendra qu’à l’adoption  du rapport Mapping  il y a plus d’une décennie actuellement, le Rwanda s’est remué  et se mobilisa contre ledit rapport au point de menacer le Conseil de sécurité de retirer ses troupes de maintien de la paix du Darfour. Récemment, il a suffi, que le Prix Nobel de la Paix 2018, le Dr Dénis Mukwege, lève la voix pour exiger l’établissement d’un tribunal transactionnel pour juger les crimes perpétrés dans l’Est de la RDC pour que le Régime rwandais le menace ouvertement de mort.  L’on se rappellera des propos négationniste  de l’ambassadeur rwandais à Kinshasa, Vincent Karega,  ignorant l’existence de massacre au Congo, tout en affirmant aux manifestants qui exigeaient sont expulsion : « vous n’avez pas le pouvoir de me faire partir ». De ce fait, la société civile du Nord- Kivu  fonce droit pour exiger le retrait de la RDC de la CIRGL, accusant le Rwanda et l’Ouganda de continuer  d’alimenter le M23 et d’entretenir l’insécurité dans l’est du pays pour continuer à piller les richesses minières du pays.  « Non seulement que ces pays voisins alimentent des ‘pseudos rebelles ‘, mais ils ont réussi à infiltrer  les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et l’administration locale », affirment certains observateurs. Jusque-là, la sécurité dans la partie est de la RDC demeure instable, malgré une nette amélioration depuis la coalition FARDC-UPDF (Armée congolaise –armée ougandaise) contre les Allied Democratic Forces (ADF), qui ne cessent de massacrer la population de Beni et environs. Une coalition fortement décriée par le Rwanda, qui se plaint particulièrement de ne pas être informé des attaques contre les ADF.  La société civile du Nord- Kivu qui dénonce la léthargie complice de la Communauté internationale et la traitrise des ‘leader‘ locaux,  exige carrément que  la RDC  se retire de la CIRGL,  accusant Kigali et Kampala de continuer à alimenter le M23, en violation des accords signés librement. En outre, non seulement que ces pays voisins sont accusés d’alimenter les ‘pseudos rebelles ‘, ils ont même réussi à infiltrer les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Pour Etienne Kambale, « 9 ans après la signature de l’accord, la population devrait bénéficier des dividendes de ces engagements. Entre autres, ne pas assister un groupe armé qui déstabilise un autre Etat. Mais nous constatons que le M23 bénéficie de l’appui du Rwanda et de l’Ouganda. Les indicateurs montrent que cet accord a contribué à ramener la paix, on ne devra plus revoir le M23. Comment le M23 surgit et se retrouve dans des positions qu’on ne pouvait imaginer ? Celui qui gère aujourd’hui la commission de démobilisation, est issu du M23 ». En Afrique, un adage dit : ‘’si l’étranger t’indique la source d’eau du village, c’est qu’il a des  connexions à l’intérieur’’. « Quittez les groupes armés ! », avait lancé le Président du bureau de l’Assemblée nationale, Mboso Kodia Mpwanga.

 

Au-delà des lamentations, il faut agir…

Contrairement à la société civile du Nord- Kivu qui fustige la mise en œuvre de l’accord cadre d’Addis-Abeba,  le Ministre de la Coopération régionale de la RDC, Guillaume Mandjolo, se réjouit  quant à lui des avancées obtenus. Il cite notamment le renforcement par la RDC de la lutte contre les groupes armés sur le territoire national ainsi que la volonté affichée d’encourager les projets de développement en faveur des populations. Au-delà des lamentations, il faut donc agir. Il y a lieu de mettre un accent particulier et encourager les initiatives en faveur de la restauration de la paix dans l’Est de la RDC à l’instar de l’instauration de l’Etat de siège au Nord-Kivu et en Ituri. Initiative qui a permis la neutralisation et la reddition de certains ex-combattants dans cette région épicentre de l’insécurité dans les Grands-Lacs africains. La diplomatie de la proximité du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a permis le rétablissement de la confiance entre partenaires régionaux, malgré certains balbutiements du voisin des mille collines.  Quant aux pays fidèles au rendez-vous de Kinshasa, l’occasion est propice à la consolidation de la confiance. En ces temps où l’Afrique appelle ses fils et filles à la responsabilité pour des lendemains apaisés, le Rwanda par sa politique de la chaise vide, donne l’impression de naviguer à contre-courant…

 



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